Le langage ne laissant aucune trace fossile, il est difficile de remonter aux origines du langage.
Si on a longtemps pensé que l’Homo Sapiens était le premier détenteur du langage, des récentes études anatomiques ont permis d’avancer la possibilité que les Néandertaliens, apparus il y a 250 000 ans, puissent disposer eux aussi d’un langage. Leur appareil vocal leur aurait permis de prononcer des voyelles telles que “a”, “i” et “ou”.
Bien que les études tendent à démontrer cela, tout ne reste qu’hypothèse puisque le langage ne laisse pas de traces et les hominidés de l’époque n’avaient pas en leur possession des appareils pour enregistrer le son de leurs voix.
Si l’origine du langage semble hasardeuse, nous pouvons nous demander pourquoi le langage a-t-il été fondé ? Quelle est cette capacité qui semble n’appartenir qu’à l’être humain ? Quel est le pouvoir du langage ? Explorons ensemble ce qu’est le langage.
Le langage, une faculté propre à l’homme
Quelles sont les origines du langage ?
Pour Rousseau, en tant qu’êtres sensibles, les premiers hommes ressentaient la douleur de leurs congénères lorsqu’ils étaient blessés. L’empathie, pour le philosophe, est donc la première forme d’expression.
Dans les Essais sur les origines des langues, Rousseau écrit que “la parole, étant la première institution sociale, ne doit sa forme qu’à des causes naturelles”.
Pour Rousseau, si l’homme a pu se réunir et s’organiser, c’est surtout grâce à la parole.
Le Larousse définit la parole comme la “faculté de s’exprimer par le langage articulé”, c’est la “capacité à parler”. Elle est aussi définie comme “mot prononcé, phrase exprimant une pensée, un sentiment”.
En philosophie, la parole se définit comme la mise en pratique du langage. Bien que le verbe “parler” renvoie à la pratique orale, la parole peut également être écrite.
La parole est donc une expression orale, ou écrite, individuelle à la différence du langage qui est un fait social. Le Larousse définit le langage comme la “capacité, observée chez tous les hommes, d’exprimer leur pensée et de communiquer au moyen d’un système de signes vocaux.”. Si on peut se parler à soi-même, user de la parole pour soi, à l’oral ou à l’écrit, le langage, lui, est avant tout une faculté d’expression pour communiquer avec nos semblables.
Selon Rousseau, l’homme n’a pas besoin des autres pour répondre à ses besoins, le langage sert donc à exprimer ses sentiments. Le langage rapproche les hommes, et grâce à lui, l’espèce humaine crée du lien et il commence à “faire société”. C’est pourquoi le langage, pour Rousseau, est “la première institution sociale”.
Quelles sont les différences entre les signes du langage et les signaux animaux ?
Lorsque l’on dit que le langage est une faculté propre à l’homme, cela ne signifie en aucun cas que les animaux sont incapables de communiquer, mais ce n’est pas une forme de langage. Pour affirmer ces propos, il est nécessaire de distinguer deux termes : le signal et le signe.
Du latin classique “signum”, le Larousse définit le signal comme “tout signe, geste, cri, son, etc., destiné à avertir, à donner une consigne, un ordre”.
Les espèces animales de même espèce échangent entre elles des signaux qui leur permettent de se nourrir, de se défendre, d’alerter ses congénères, de se reproduire…
Ces signaux peuvent être :
- visuels comme l’expression faciale du singe ou du chat ;
- sonores tels que le chant des oiseaux ;
- tactiles comme la vibration de la toile d’araignée ;
- chimiques tels que les contacts antennaires ;
- électriques comme l’émission ainsi que la réception électrique chez certains poissons.
Les animaux utilisent donc des signaux de communication pour échanger des informations, mais ceux-ci sont limités. Les réactions à ses signaux sont toujours déterminées à l’avance. Mais quelle est la différence entre un signal et un signe ?
Également issu de signum, le Larousse définit le signe comme “ce qui permet de connaître ou de reconnaître, de deviner ou de prévoir quelque chose”, c’est un geste ou une “mimique permettant de faire connaître une pensée ou de manifester un désir, un ordre”.
Le signe est donc une intention, un signal volontaire. En effet, exprimer un signe de tête pour dire bonjour à quelqu’un est un signal volontaire de bienvenue. L’individu n’est pas obligé de le faire.
Bien que les signes soient limités, l’être humain dispose d’une capacité qui lui est propre pour dialoguer avec ses semblables : le langage. La prise de parole permet d’exprimer une pensée originale. L’être humain possède donc une faculté qui ne le limite pas à échanger des signaux pour se nourrir ou pour alerter ses congénères, mais qui lui permet d’exprimer ses pensées avec ses semblables.
L’expression de la raison de l’être humain
Le langage est une faculté propre à l’être humain qui lui permet d’exprimer ses pensées. Cette capacité est un signe qui prouve la présence d’une pensée, de la raison, dans un corps. Lorsqu’il compare les animaux (animal-machine) et les hommes, Descartes met en évidence cette idée. Le philosophe démontre que même si certains animaux, tels que le perroquet, disposent d’organes propres à la parole, ils ne peuvent que reproduire les sons, car l’expression de la pensée via le langage n’est accessible qu’à l’être humain.
Ainsi, les animaux ne peuvent qu’exprimer leur besoin, liés à l’instinct, là où les hommes, “même le plus stupide”, utilisent le langage pour véhiculer leurs pensées. D’autre part, Descartes utilise le contre-exemple du muet pour démontrer que le langage n’est pas dépendant du corps. En effet, lorsqu’un homme se trouve privé de l’organe de la parole, il lui est possible d’exprimer ses pensées en utilisant un système de signes.
Quel est le rôle du langage dans l’élaboration de la pensée humaine ?
Les mots et les objets de la pensée
La langue comme système de signes
Pour savoir comment un système de signes peut exprimer la pensée, nous allons nous appuyer sur les travaux de Ferdinand de Saussure. Ce linguiste suisse de la fin du XIXe siècle est considéré comme le père fondateur de la linguistique moderne. Ses travaux portent sur la structure du langage, au travers de la notion de signe.
Dans ses Cours de linguistique générale, il discerne trois principes généraux :
- les signes linguistiques, qu’ils considèrent comme les briques élémentaires du langage, constitués par l’association d’un contenu de pensée (signifié) et d’une suite de sons (signifiant) ;
- l’association d’un signifié et d’un signifiant est arbitraire et conventionnelle ;
- le langage est un système de signes qui n’ont de valeur que dans leurs relations d’opposition.
Dans les Cours de linguistique générale, Saussure compare le langage à “une feuille de papier” où “la pensée est le recto et le son le verso”.
Pour Saussure, pour comprendre le langage, il ne suffit pas d’étudier son évolution historique, mais d’étudier son fonctionnement à un moment donné.
Saussure voit le langage comme une structure. Le Larousse définit le structuralisme linguistique comme une “démarche théorique qui consiste à envisager la langue comme une structure, c’est-à-dire un ensemble d’éléments entretenant des relations formelles.”
L’utilisation des mots pour exprimer le réel
Toujours dans ses Cours de linguistique générale, Saussure précise que “Pour le sujet parlant, il y a entre la langue et la réalité adéquation complète : le signe recouvre et commande la réalité, mieux, il est cette réalité.”. Ainsi, lorsqu’un individu utilise le langage, le mot exploité n’est pas un signe arbitraire pour désigner une chose en particulier. Ce mot constitue, pour l’individu, la réalité elle-même.
Pour Saussure, la distance entre les mots et ce qu’ils expriment n’est pas possible pour l’individu qui utilise le langage, car celle-ci coïncide avec la réalité. Si l’écart entre le mot et la chose disparaît pour l’individu, cette distance peut être mise en évidence si nous étudions le langage.
Si les mots sont compris, c’est qu’ils se rapportent à des pensées. Leur signification dépend de la compréhension, de l’interprétation, par une conscience qui leur donne du sens :
- les mots utilisés ont du sens par celui qui parle, car il les emploie pour exprimer quelque chose ;
- ces mots sont ensuite entendus et compris par celui qui écoute et a un sens en lui.
Le langage est donc un système de signes liant entre eux mots et idées qui ont un sens pour l’individu. Mais quel est le rôle du langage dans l’élaboration de la pensée ?
Le langage en tant que support de la pensée
Le langage permet de fixer la pensée
Dans le Léviathan, Thomas Hobbes explique que : “le premier usage des dénominations est de servir de marques ou de notes en vue de la réminiscence.”. Pour ce philosophe anglais, le langage a pour fonction première de fixer les pensées pour les réutiliser, mais également pour les enrichir.
Ainsi, les mots servent de repères pour que nous soyons en mesure de nous rappeler de nos pensées. Si l’homme était dépourvu du langage, il ne serait pas en mesure de fixer ses pensées et celles-ci tomberaient dans l’oubli. Si nous sommes capables de nous souvenir de ce que nous avons pensé, c’est grâce à cette compétence qu’est le langage.
Le langage constitue la pensée
Nous pouvons nous demander si la pensée pourrait exister si le langage n’existait pas. Pour Emile Benveniste, les pensées n’auraient pas de forme et seraient inaccessibles si l’homme ne disposait pas du langage. Il souligne ses propos dans les Problèmes de linguistique générale, “La pensée se réduit sinon exactement à rien, en tout cas à quelque chose de si vague et de si indifférencié que nous n’avons aucun moyen de l’appréhender comme “contenu” distinct de la forme que le langage lui confère. La forme linguistique est donc non seulement la condition de transmissibilité, mais d’abord la condition de réalisation de la pensée.”
Outre l’exprimer, le langage permet de constituer la pensée selon Benveniste.
Pour ce linguiste, les mots sont toujours assez clairs pour exprimer la pensée, seuls ces derniers peuvent parfois ne pas être assez précis pour être traduits par le langage.
Les pensées que le langage ne peut exprimer
Bien que la pensée s’exprime à travers le langage, tout ce qui est pensé n’est pas forcément traduisible par le langage. En effet, l’expression de certaines pensées, notamment celles qui font intervenir les sentiments, sont difficiles, voire impossibles à exprimer, d’où l’expression “je n’ai pas les mots”. C’est ce qu’on nomme l’indicible. Ce terme est défini par le Dictionnaire Le Robert comme une pensée “qu’on ne peut dire, exprimer.” Le Larousse le définit comme une pensée “qu’on ne saurait exprimer, qui dépasse toute expression.”.
Pour Bergson, le langage est avant tout une fonction utilitaire. Il est tourné vers l’extérieur et permet de diriger l’action toutefois, il ne permet pas d’exprimer toutes les nuances des états de conscience, d’autant plus que ces derniers sont souvent propres à chacun.
Dans son Essai sur les données immédiates de la conscience, Bergson écrit que “Chacun de nous a sa manière d’aimer et de haïr, et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière. Cependant, le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n’a-t-il pu fixer que l’aspect objectif et impersonnel de l’amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l’âme.”
Bergson tente de nous montrer que les mots, pour être compréhensible et avoir un sens pour tout le monde, ont un sens général qui ne permet pas d’exprimer le mot selon la perception de chacun. Ainsi, le mot “amour” se définit selon le Dictionnaire Le Petit Robert comme un “sentiment vif qui pousse à aimer (quelqu’un), à vouloir du bien, à aider en s’identifiant plus ou moins.” Toutefois, il existe autant de façons d’aimer qu’il existe d’être humain sur terre mais le sens du mot ainsi que sa définition reste général car même si nous ne pouvons pas comprendre la façon d’aimer de notre voisin, nous pouvons au moins nous entendre sur le sens de ce mot.
Pour Bergson, les formes les plus profondes de la pensée d’un individu sont ineffables, soit une pensée “qu’on ne peut exprimer par des mots en raison de son intensité ou de sa nature » (Le Larousse).
Le langage est donc une faculté propre à l’homme qui dépend avant tout de l’esprit permettant à l’être humain d’exprimer ses pensées via différents systèmes de signes.
Quelle est la dimension symbolique du langage ?
La richesse de la langue
Étant donné que le rapport entre les mots et leur signification n’est pas toujours évident, il nous est possible de jouer avec le langage. Nous pouvons alors créer des décalages entre les mots et le vrai message en utilisant :
- l’ironie qui permet d’énoncer une pensée en disant le contraire de ce qu’on veut exprimer. (“Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si ordonné que les deux armées.” Candide de Voltaire) ;
- le double sens qui permet de jouer sur la double signification d’un même mot. (“Ce n’est pas que je prenne mon chien pour plus bête qu’il n’est” Mon chien c’est quelqu’un de Raymond Devos où le mot “bête” se réfère à la fois à l’animal et à la stupidité.) ;
- les sous-entendus qui permettent de suggérer une idée sans l’énoncer complètement. Il s’agit ici de déduire l’implicite.
La langue est une richesse qui donne tous les moyens nécessaires afin qu’un individu soit en capacité de s’exprimer comme il le souhaite.
Le pouvoir des mots
En plus d’exprimer des pensées, la parole est créatrice permettant au locuteur d’avoir des effets sur le monde extérieur, c’est ce qu’on nomme “l’acte de langage”.
Le philosophe anglais John Austin nomme les “énoncés performatifs” ce qui décrit l’action de celui qui les utilise, et qui, parallèlement, implique cette action elle-même. Ainsi, diverses formules telles que “je jure que…”, “je te conseille de…”, “je t’ordonne de…”, réalisent l’action qu’elles expriment au moment où elles sont énoncées. Ces “énoncés performatifs” sont à mettre en opposition des « énoncés constatifs » qui rapportent un état de choses.
Les “énoncés performatifs” s’utilisent à diverses occasions, par exemple, le “Oui, je le veux” prononcé lors d’un mariage ne fait pas le reportage d’un mariage. Le “Oui” a la valeur de serment et rend effectif l’union.
Ainsi, en prononçant certaines paroles, on réalise certaines actions. Toutefois, pour que ces paroles soient effectives, elles doivent répondre à des conditions spécifiques. Si un individu “fait la promesse de chercher un emploi”, il se doit de réaliser les actions nécessaires pour que sa promesse soit réalisée, ils doit donc “chercher un emploi”. S’il ne fait rien, sa promesse est caduque et elle n’a pas d’effet.
Le pouvoir du langage
La prise de parole
Comme nous l’avons susmentionné dans la partie “quelles sont les origines du langage ?” en utilisant Rousseau, la langue est “la première institution sociale”, c’est une institution commune à un groupe, tandis que la parole est une performance individuelle.
La parole et la langue ne sont pas similaires. Le langage étant extérieur à l’individu, son apprentissage ne lui conférera pas nécessairement une totale maîtrise de la langue, car celle-ci dépend de chaque individu.
Le langage mène à la prise de parole, mais cette dernière n’est pas la même pour tous puisque certains sont plus à l’aise que d’autres à l’oral. Ainsi, certains ont la capacité d’exprimer aisément leur pensée en prenant la parole quand d’autres s’expriment de façon confuse. Cela n’est pas dû à une insuffisance de pensée ou par une mauvaise maîtrise de la langue, mais à l’exercice de la prise de parole qui est vécue de façon différente en fonction du locuteur. Par ailleurs, la rhétorique* étant dépendant de critères culturels et sociaux, ne sera pas maîtrisé de la même façon en fonction du locuteur.
* rhétorique : “Art de bien parler ; technique de la mise en œuvre des moyens d’expression » (Dictionnaire Le Petit Robert).
Une des manifestations de la hiérarchie sociale
La maîtrise de la langue permet au locuteur de manifester une certaine forme de supériorité. En fonction de la classe sociale à laquelle l’individu appartient, la maîtrise du langage sera différente. Ainsi, employer un vocabulaire très spécifique, voire inaccessible pour la plupart des individus, permet au locuteur de manifester sa supériorité ainsi que sa culture.
Le sociologue Pierre Bourdieu souligne cette idée selon laquelle le langage est bien plus qu’un moyen de communication, il serait également une manifestation symbolique de pouvoir.
Plus qu’exprimer un contenu informatif, le locuteur exprime la valeur de ce qu’il dit en fonction du ton de sa voix, de l’accent et du choix de ses mots. Le mode d’expression employé (le familier, l’argot, le verlan, l’intégration de mots étrangers, le français conventionnel et le langage soutenu) exprime l’appartenance sociale du locuteur. Si la langue n’est pas qu’un moyen de communication, mais qu’elle est aussi un instrument de pouvoir, alors nous pouvons dire que prendre la parole, c’est, en quelque sorte, prendre le pouvoir.
Un outil de domination
Nous avons tendance à faire preuve de respect lorsqu’une personne donne l’apparence de maîtriser parfaitement son sujet comme lorsque nous faisons intervenir des spécialistes pour parler d’un sujet en particulier. Pour autant, ce n’est pas parce que l’on maîtrise le sujet dont on parle qu’ils expriment forcément la vérité. En effet, c’est ce sur quoi se base l’argument d’autorité qui soutient qu’une affirmation est juste simplement parce qu’elle se fonde sur le fait qu’une autorité l’a affirmé comme étant vraie.
“D’après une étude de l’AESA publiée en 2014, 97 % de nos aliments contiennent des pesticides”. Dans cette phrase, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) fait figure d’autorité bien que l’affirmation soit décontextualisée et tronquée.
“L’armement nucléaire est une nuisance, le prix Nobel Georges Charpak l’a affirmé haut et fort”. Ici, c’est le physicien français lauréat du prix Nobel de physique en 1992 qui fait figure d’autorité. Toutefois, ces travaux étaient portés sur les détecteurs de particules à hautes énergies, son autorité en physique ne lui permet pas de détenir des certitudes concernant les affaires militaires.
“Il n’est pas concevable que l’Univers soit en expansion, c’est Albert Einstein qui l’a affirmé.” On utilise Albert Einstein en tant que figure d’autorité pour établir une vérité qu’il a dit en omettant qu’il a révisé sa position sur ce sujet.
Les arguments d’autorité permettent donc de prendre pour vrai quelque chose qui ne l’est pas forcément, simplement parce qu’une figure d’autorité l’a affirmé.
L’art de la rhétorique en tant qu’outil de domination était déjà dénoncé par Platon lorsqu’il critiquait les sophistes*, maîtres dans l’art de la persuasion, qui défendaient des idées au détriment de la vérité.
Aujourd’hui, on a tendance à adresser le même reproche aux démagogues qui ont pour objectif de flatter un groupe de personnes afin de gagner leur adhésion et/ou d’augmenter leur popularité.
Le langage comme outil de domination est d’ailleurs largement exploité dans la Boxe Canadienne. Cette joute verbale oppose deux personnes qui doivent défendre des thématiques qui leur sont proposées. Le vainqueur est celui qui a su le mieux maîtriser son sujet selon les spectateurs et/ou les juges.
En permettant de véhiculer n’importe quel contenu, le langage a un pouvoir important et peut se révéler dangereux s’il est employé de la mauvaise façon. L’histoire nous l’a prouvé notamment avec la maîtrise du langage d’Adolf Hitler qui a su augmenter sa popularité grâce à ses idées afin de nourrir ses propres objectifs.
* le sophiste : “maître de rhétorique et de philosophie qui enseignait l’art de parler en public et de défendre toutes les thèses (Dictionnaire Le Petit Robert).
Conclusion
Le langage est une faculté propre à l’homme qui permet d’exprimer une pensée. Si celle-ci est compréhensible par les autres, c’est simplement parce que les mots employés ont un sens général qui fait écho à tous les individus. Cependant, lorsque l’on essaie d’exprimer les émotions, cela devient beaucoup plus complexe, car les sentiments ressentis sont singuliers à chaque individu. Si le langage est riche et que nous avons énormément de mots à disposition pour pouvoir s’exprimer (Le Robert en recense 90 000), il arrive encore que nous n’ayons pas les mots pour décrire ce que nous ressentons.
Le langage est un pouvoir qui est maîtrisé de façon différente par les individus, en fonction de leurs appartenances sociales et culturelles, mais également de leurs connaissances propres. Utilisé à mauvais escient, le langage peut s’avérer être dangereux en étant employé comme outil de domination.
Comment les auteurs définissent-ils le langage ?
Bergson, L’évolution créatrice “Le langage fournit à la conscience un corps immatériel où s’incarner”
Engels et Marx, “Le langage est la conscience réelle, pratique, existant pour d’autres hommes”.
Lévi-Strauss, “Le propre du langage est d’être un système de signes sans rapports matériels avec ce qu’ils ont pour mission de signifier”
Sartre, L’Être et le Néant “Par langage nous entendons tous les phénomènes d’expression et non pas la parole articulée qui est un mode dérivé et secondaire”
Saussure, Cours de linguistique générale “La langue est pour nous le langage moins la parole”
Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus “La totalité des propositions est le langage”